Equipe 58 Ensemble vaincre la sclérose en plaque
Participants, Pierre, Didier,Jerôme dit Groméro et Isabelle avec ses impression à chaud
Samedi 4 juin 2016: Début en douceur
Première épreuve: le kayak. 10 km pour commencer, fastoche, départ toutes les 2 minutes, distance idéale pour ne pas s'apercevoir de la différence de niveau avec les autres concurrents.. qui se révélera criante sur les épreuves suivantes..
L'eau est belle, le paysage aussi, les participants en pleine forme. On court vers les bateaux et y entre comme si on n'avait fait que ça toute notre vie... pourtant, l'unique entraînement de notre vie s'est borné à 2 petites heures en sit on top, nous n'avons guère d'expérience, mais on y croit.
L'équipe enchaîne avec un trail de 10km sur le papier... bon si on ne compte que la montée... mais comme on n'a pas dormi la-haut, la distance est doublée. Un paysage sublime, des. fleurs partout, une vue panoramique sur la mer, malheureusement sous un ciel légèrement voilée. Et la course? Évidemment comme il se doit.... la première fois on se perd.
Dimanche 5 juin: VTT et Orientation de nuit
Le canyon a été annulé pour cause de prévisions (erronées) d'orage... merci Meteo France, car vue notre aisance sur roche et parmi les cordes, c'était peut-être mieux ainsi. Nous voilà reparti pour un petit trail, j'ai bien peur qu'on courre déjà moins vite que la veille. Le sentiment d'urgence a déjà disparu, et on se prépare pour trois boucle de VTT qu'on n'aurait pu réaliser car le canyon nous aurait mis hors délais.
Les 67 km de VTT sur 1600m de dénivelé sont les épreuves les moins technique et notre force.... Nos qualités d'endurance sont pourtant mises à rude épreuve.
La journée n'est pas fini puisque le soir, après le sport, il reste la pire épreuve de la journée. La préparation des affaires pour le lendemain. Oh nous avons vu des camions magnifiquement rangé, des caisses étiquetées avec les noms des participants, des épreuves, une organisation sans faille... malheureusement, c'est à côté que ça se passe. Chez nous, libre cours à l'imagination et aux recherches les plus folles, les préparatifs sont aussi une aventures qu'il faut enchaîner avec les résultats du jours, les remise de maillots divers. Nous on aimerait bien se reposer un peu avant l'épreuve de nuit qui commencera à 23h30, mais visiblement les organisateurs ne l'entendent pas ainsi.
23h30 donc. Nous voilà reparti pour 20km de trail. Les frontales fonctionnent plein feux, l'orientation n'est pas simple évidemment mais grâce au talent de Pierre nous nous en sortons sans grande difficulté. Sauf peut être Jérôme qui a opté pour un collant court de course à pied... Belle erreur stratégique, il est tout griffé par les ronces. On croise quelques vaches corses encore sauvages qui ne comprennent pas trop cette agitation et nous fixent de leurs gros yeux rendus vert fluo par la lumière électrique. On passe dans un coin que l'on devine beau et sauvage dans la nuit, des fleurs, toujours des fleurs... et enfin voilà le col, ouf. L'arrivé n'est plus qu'à 5km... tu parles, les 5 km les plus longs de ma vie. Bien sûr, en montagne parler en km est une hérésie et il nous reste un beau dénivelé. Le ciel est sublime,ponctué d'étoiles que je rêve de le contempler, allongé dans mon duvet Mais pour pour le moment je regarde mes pieds,sur ce sentier caillouteux.
On se retourne et derrière nous, une longue trainée de petites loupiotes s'égrainent le long du chemin... Une petite erreur d'aiguillage nous place en fin de peloton, et les petites lucioles s'égayent maintenant devant nous, il n'y a plus qu'à les suivrent. Nous arrivons enfin au bivouac... le jour se lève, tant pis pour les étoiles, après tout on est en compétition, on n'est pas là pour contempler le ciel. il est 5h30, le sol est mouillé, il fait froid, on est fatigué, mais pas assez pour pouvoir dormir dans ces conditions. J'envie Jérôme et son sac de couchage, j'envie Pierre qui dors en toutes conditions, j'envie DIdier qui n'a pas très froid...Moi je suis glacée. Et hop, une petite soupe minestrone au petit dejeuner pour se réchauffer, à cette heure, c'est ce qui passe le mieux.
Lundi 6 juin , journée montagne
7h et c'est reparti... Emmitouflés dans nos sac, nos pulls et nos couvertures de survie, nous ne sommes pas assez rapide pour arriver à temps sur la ligne de départ et nous partons parmi les derniers pour l'étape de montage. Nous voilà dans un cirque qui mène à 2 belles cheminées...Grosse appréhension au pied de la falaise en prévisualisant la tracé sur la roche.. on enfile les baudriers, et hop, nous voilà projeté dans les airs. Il y a bien un peu de cailloux sous nos pieds, mais dessous, c'est le vide. Le grand vide.
Et là, on voit la différence entre ceux qui sont seulement endurants, et ceux qui ont opté pour l'aventure. Ben pour Didier et moi, l'aventure, ce n'est pas notre truc. Ou alors sur des routes bien goudronnées avec des panneaux indicateurs. Mais tout ce gaz... Didier lui, ça le fait parler. Il cause, il cause il cause... il parait qu'il est terrorisé, mais il avance quand même comme un chamois... oups, son pied a dérapé sur une plaque de neige, le voilà suspendu à la ficelle au-dessus de... beaucoup de vide.. Pierre comme son prénom l'indique est dans son élément et assure, moi je ne cause plus. D'ailleurs je ne fais plus grand-chose. Surtout je n'avance guère. Passons sur ce passage scabreux, on décide la mort dans l'âme de ne pas faire le deuxième tour, ça ne semble pas raisonnable de se mettre dans ce genre d'état. C'est dommage, le paysage est superbe, et Didier et moi nous maudissons, et d'une de n'avoir pas su prendre du plaisir là où c'était si beau, et de deux, de n'avoir pas réussi à surmonter nos peurs irrationnelles et de trois, d'avoir privée l'équipe de ce moment qui aurait dû être sympathique. Mais l'équipe est vraiment super, et personne ne nous dit rien, nous voilà reparti en descente, un peu abattus. Le trail et le vélo nous attendent pour que nous reprenions enfin nos esprits. Didier et Pierre profitent de l'occasion pour dépanner une équipe en détresse qui a cassé une chaîne, ce qui nous vaudra le soir le maillot de l'équipe la plus combative.
Mardi 7:Nage de sac, Trail, Kayac
un petit trail en descente caillouteuse pour commencer. La technique, c'est ma faiblesse. Demandez moi de tenir et de tenir encore en endurance, mais les difficultés de cailloux, de corde de vide...j’appréhende. Bon on se lance en descendant doucement, à mon rythme. On arrive à Porto, sur le bord de la mer, après s'être soustrait du parcours aventure qui faisait partie de la classe élite... Trop d'eau et de caillasse nous aurait encore fait perdre beaucoup de temps.
On se précipite sur la nage en mer. Pour que ce ne soit pas trop facile, les organisateurs nous ont concocté une nage en mer avec les sacs sur le dos, et tout le matériel de sécurité: réchaud, gaz, tente... tout ce dont on a besoin en mer finalement. avec en plus masque et tubas. Là encore nous sommes confrontés à des difficultés que nous n'aurions pas soupçonnées. Dans ce troupeaux de sportifs palmés, comment reconnaître les membres de son équipe? Au bout de 5 minutes, je cherche le tubas à bout orange de Didier. Horreur et consternation: tous les tubas ont un embout orange.... Je me retourne, et je vois quelqu'un qui me fait signe que tout va bien. ouf, ils sont là.Puis je suis quelqu'un qui a de longues palmes noires et blanches et qui nage sur le dos comme s'il m'attendait. Je suis bien persuadée que c'est Jérôme. Erreur, je m'apercevrai plus tard qu'il a des palmes bleues comme tout le monde...des palmes noir et blanches ...c'était peut être un orque?.
Bon, s'ils ne sont pas devant, ils sont donc derrière. Je me retourne... Horreur, plus personne derrière! Hors de question de me retrouver seule en mer, je suis encore capable de me perdre. Je m'accroche donc aux nageurs devant moi, en espérant ne pas faire trop attendre mon équipe, qui doit être loin devant. Je m’accroche, je vais le plus vite possible, et en arrivant à la plage... personne. Jérôme arrive 5 minutes plus tard, je m'excuse de ne pas avoir attendu, c'est juste que je me suis perdue. Puis nous attendons. Attendons encore. Didier et Pierre arrivent ensemble. Pierre n'a guère apprécié le bain semble-t-il. Il est vrai que j'ai ressenti une grosse gêne en nageant avec le tubas. On n'a jamais assez d'air avec ce tuyau qui nous sort de la bouche. Quant à Pierre, il a carrément décidé de nager sur le dos. Lui et Didier sont les plus fort du groupe, donc on les a fait nager avec les gros sacs... Ça aussi c'était une mauvaise appréciation de la situation, ce sont aussi les deux qui ont le plus souffert de la natation, et les sacs ne les ont pas aidés.
Oublions cet épisode qui n'a pas été une partie de plaisir, et concentrons nous sur le trail à venir, une pente si raide qu'à chaque pas on se sent repartir en arrière. Mais la vue! mais les fleurs! mais les couleurs! c'est inimaginable tant c'est beau. On est réconcilié avec la vie du raid, et prêt à se jeter sur la dernière épreuve de kayak
Heureusement notre motivation n'a pas flanché, il reste encore 25 km à pagayer, et bien peu d'équipe auront le temps (barrière horaire) et le courage d'affronter la mer. Il faut dire qu'on a mis 4h30 pour accomplir la distance. les falaises de Porto sont magnifiques, semées de petits îlots et de grottes dans lesquelles on trouve parfois une balise. Mais nom d'un chien que c'est long et que c'est dur! Surtout que Didier et moi tractons Jérôme et Pierre, ça n'a l'air de rien, mais ça tire sur les épaules. Nous rentrons fourbus, et pour nous faciliter la tâche, l'organisation a décidé que nous sortirions les kayaks à un endroit où il y a un mètre de hauteur de ponton. Merci les gars d'avoir épargné la faible femme que je suis et de vous être toujours occupé de ces satanés et si lourds kayaks.
mercredi 8 La Fatigue me gagne mais mon cœur est content
La journée commence bien tôt, à 4h30, mais on a pris l'habitude de ne plus dormir. Une liaison routière vers Bastia nous conduit vers la 1ere épreuve de 18 km de kayak, La fatigue se fait sentir, mais finalement le corps répond bien.. Pour ce départ en ligne on peut évaluer les autres équipes, celles dont le potentiel est resté intact et que nous avons du mal à suivre. Peut importe, une fois encore les paysages sont magnifiques, les organisateurs ont eu la bonne idée de baser les deux épreuves de kayaks dans des environnements très différents. Après les grandes falaises rouges d'hier nous longeons maintenant des dédales de rochers blancs aux formes extravagantes, qui plongent dans l'eau bleu du lagon.
Arrivent ensuite les épreuves de coastering et de canyon marin. Les cailloux sont bien rugueux et même avec les pieds mouillés ça tient bien.
Nous arrivons au départ du canyon avec une belle séquence de fou rire, provoquée par les efforts d’enfilage de la combi trop petite de Didier. On rit encore plus fort quand on s'aperçoit que nous non plus n'entrons pas dans les nôtre, mouillée par un petit passage d'eau sur le coastering. Enfin engoncés dans nos armures en plastique nous partons pour quelques acrobaties dans les rochers. La tyrolienne un amusement, puis un premier saut, 4 mètres officiellement, mais il y en a bien 6. Jérôme et Pierre, parfaitement à l'aise, plongent sans problème. Didier en revanche hésite, esquisse un départ.,recule, re-tente et finit par glisser. et se vautre dans l'eau. Moi je cale devant l'obstacle et me contente d' un petit saut de 2m. Il reste le dernier plongeon à 10m que je préfère contourner. On rentre à la nage par un bras de mer puis la dernière balade en kayak de 6 km. Et enfin les vélo pour un dernier tour de piste, 20km de sentiers vallonnés, on se régale sur ce petit chemin de terre, le plus joli de tout le raid..
Voilà c'est fini et on y est arrivé.
Et nous avons fait presque toutes les épreuves
. Nous finissons fourbus, ampoules aux pieds et aux mains, courbatures partout, écorchures et doigts tordus suites aux chutes en VTT, fesses et hanches rappées par les frottements en kayak, égratignures multiples... mais nos blessures glorieuses sont au mérite de notre classement, 14e sur 32. Nous sommes prêt à recommencer.